- Biennale d’Art contemporain
La Biennale de Lyon révèle le visuel de sa 16e édition "manifesto of fragility"
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Studio Safar
Sam Bardaouil et Till Fellrath, commissaires de la 16e Biennale de Lyon, considèrent l’identité visuelle comme l’une des composantes du projet. Ils en ont confié la création au Studio de Design Safar qui intervient en tant qu’artiste pour retranscrire la vision curatoriale et artistique de manifesto of fragility dans l’identité graphique.
L’identité visuelle par le Studio Safar
L’identité visuelle est basée sur la thématique développée par les commissaires, où s’associent fragilité et résistance, deux notions en apparence contradictoires. Nous avons choisi les fleurs — et plus particulièrement leur mode de conservation — comme point de départ de notre concept, en référence à la riche histoire horticole de Lyon, qui remonte au XVIe siècle. Qu’il s’agisse d’une forme d’art comme l’oshibana japonais, ou d’une méthode pour l’étude scientifique et l’archivage, le pressage des fleurs permet de prolonger la durée de vie de l’une des créations les plus éphémères et captivantes de la nature.
La campagne de lancement
La campagne introduit les différentes thématiques curatoriales : la fragilité, la résistance et les cycles de l’histoire sous la forme de six courts métrages articulés autour du motif de la fleur. Chacune des vidéos combine des séquences anciennes et nouvelles racontées dans une langue différente, notamment en français, anglais, allemand, espagnol, arabe et mandarin. La série s’adresse à un public très large qui comprend aussi bien les Lyonnais·es que la multitude des personnes résidentes, immigrées et touristes d’origines différentes.
À propos de l’identité visuelle, les commissaires de la Biennale ont déclaré : « La réponse du Studio Safar à notre concept curatorial offre un paysage à la fois lucide et onirique mêlant images fixes et animées, sonorités apaisantes et inquiétantes. Dans le contexte de Lyon, la fleur a une signification et une puissance particulières. Elle est non seulement liée au célèbre herbier conservé dans la ville, l’un des plus riches du monde, mais aussi aux motifs imprimés et aux textiles luxueux qui ont fait de Lyon un important centre de production de soie pendant des siècles. Les histoires coloniales, la production artistique et les divers systèmes de production se rencontrent dans ce motif ostensiblement naïf afin d’exprimer la fragilité, la résistance et l’histoire. »
Les images oscillent entre souvenirs personnels, séduction brute et abstraction contemplative. Texte, image et son révèlent une superposition graduelle de complexité et de profondeur. L’intime se mêle à l’excentrique pour former un panorama fluctuant de moments intenses allant de la vulnérabilité à l’audace. La bande son de la vidéo s’ouvre sur « Le Cygne », treizième mouvement du Carnaval des animaux (1922), du compositeur français Camille Saint-Saëns, interprété par la virtuose du thérémine Clara Rockmore en 1977. Le thérémine, un instrument électronique qui délivre un son envoûtant et tendre contrôlé sans contact physique, est associé à la musique d’avant-garde du vingtième siècle par sa nature idiosyncratique et sa position incertaine entre le classique et le contemporain. Ici, il évoque la cyclicité du temps qui se trouve au coeur du cadre conceptuel et curatorial de la Biennale. La vidéo se termine avec « I Lose » de Gila, extrait de l’album Trench Tones (2019), dont la ligne de basse lente et lourde contraste et s’harmonise étonnamment avec les notes délicates et faiblissantes de Rockmore. Ces morceaux apparemment contradictoires, pourtant parfaitement complémentaires, expriment avec force la vision des commissaires sur la fragilité comme intrinséquement liée à une forme de résistance génératrice : vulnérabilité et action politique, un manifeste de la fragilité.
À propos du Studio Safar
Le Studio Safar, cofondé par les graphistes Maya Moumne et Hatem Imam, est une agence de design et de direction artistique de renommée internationale. Elle s’intéresse tout particulièrement aux échanges interculturels et interlinguistiques avec des propositions visuelles singulières. En travaillant en collaboration avec des créateur·rices de divers domaines tels que le cinéma, la littérature, l’illustration et la photographie, le duo fait preuve d’innovation dans ses recherches. Il entre en dialogue avec les histoires locales du design visuel et tente de restaurer des liens avec les cultures et les pratiques visuelles mises à mal par le colonialisme. Ces références nourrissent et étoffent les dynamiques contemporaines que l’on retrouve dans leur production d’identités visuelles, d’expositions, de sites web et de publications ainsi que dans le magazine de design semestriel Safar, publié par l’atelier, qui soutient les échanges et les discussions sur la production culturelle et les tendances du design « Global South ».