Lee Ufan

Commissariat Marc Chauveau

Depuis neuf ans, les Dominicains du Couvent de La Tourette, construit dans les années cinquante par Le Corbusier en région lyonnaise, programment des expositions d’art contemporain dans ce lieu qu’ils souhaitent ouvert sur le monde d’aujourd’hui. L’audace manifestée par les Dominicains dans le choix de l’architecte, il y a plus d’un demi-siècle, perdure aujourd’hui avec l’organisation d’expositions qui sont conçues comme des rencontres entre les oeuvres d’un artiste plasticien et l’oeuvre architecturale de Le Corbusier, avec comme objectif de susciter un dialogue fécond entre patrimoine architectural et création contemporaine. Les artistes invités jusqu’à présent ont été François Morellet (2009) ; Vera Molnar, Ian Tyson et Stéphane Couturier (2010) ; Alan Charlton (2011) ; Éric Michel (2012) ; Anne et Patrick Poirier (2013), Philippe Favier (2014), Anish Kapoor (2015), et l’exposition collective Formes du silence réunissant, en 2016, Geneviève Asse, Jaromir Novotný, Friederike von Rauch et Michel Verjux.

À l’occasion de la Biennale 2017, c’est Lee Ufan (1936, Corée du Sud), l’un des artistes coréens contemporains les plus influents sur la scène internationale, qui est invité à dialoguer avec l’architecture du couvent. Dans son travail de sculpture, Lee Ufan, met en relation des éléments antagonistes. Il confronte des matériaux naturels (bois, pierre, coton) avec des matériaux industriels (métal, verre, miroir) et joue avec les notions de vide, d’espace et d’énergie. À travers (l’équilibre de) leur contraste, les éléments révèlent leur forme, leur masse, leur rapport avec l’espace environnant. Lee Ufan a notamment exposé au Musée Guggenheim de New York, à la Tate Modern de Londres, à la Kunstmuseum de Bonn ou au Musée d’Art de Yokohama. Il a également investi le château de Versailles au printemps 2014.

Ce qui est entrepris au Couvent de La Tourette est unique sur la scène artistique française. La vocation du lieu traduit en effet ce qui, d’une certaine façon, n’existe nulle part ailleurs : la singularité d’une alliance qui unit architecture corbuséenne, vie religieuse, vie quotidienne, et art contemporain. Les expositions de ces dernières années ont montré combien les oeuvres prenaient place naturellement dans le couvent, tant le dialogue qu’elles instauraient avec l’architecture se révélait juste. Il en résultait un renouvellement du regard, à la fois sur le bâtiment et sur les oeuvres. Cette articulation entre un lieu spirituel vivant, la qualité architecturale du couvent et la qualité artistique des oeuvres choisies, fait de chaque rencontre une expérience unique. Les oeuvres ne sont plus exposées mais « habitent » le couvent. Elles prennent le sens d’une présence dans un lieu luimême habité.