10e Biennale de Lyon

Portraint Thierry Raspail

Thierry Raspail, Directeur artistique

La dixième. 20 ans ! Bel âge pour une Biennale dont on inaugurait la première édition il y a 7292 jours très exactement. Pour ceux qui s’en souviennent, le premier opus s’intitulait L’Amour de l’Art, un beau titre et une déclaration d’intention. Au seuil d’une histoire à écrire, c’était un hommage rendu aux œuvres et aux artistes, qui, tous les jours, construisent le monde bien réel de nos espoirs, émotions et imaginaires. C’était une ouverture délibérée à l’art contemporain, et le public, lyonnais d’abord, et de partout ensuite, s’est immédiatement reconnu dans cet univers polyphonique de la création actuelle. La Ville et ses acteurs, la Région et l’Etat ont formidablement accueilli et pérennisé ce grand événement.

Aujourd’hui, la Biennale est arrivée à maturité. L’enjeu est désormais de conforter la place qu’elle occupe dans le monde international de l’art tout en accroissant encore la qualité du lien tissé avec son public et avec sa proche géographie. La Biennale a été créée dans cette optique : concevoir un renouvellement artistique permanent tout en construisant à long terme un projet stable en lien étroit avec son territoire. Pour affirmer ce lien et manifester la cohérence entre l’art et la vie, entre l’imaginaire et le réel, la dixième Biennale s’ouvre à l’art qui a choisit d’interroger le quotidien, notre quotidien, celui que nous devons réinventer au jour le jour. Le spectacle et le quotidien semblent appartenir à deux registres inconciliables. Ils rythment pourtant notre vie civile depuis toujours, l’un s’arrogeant la mise en scène, la lumière, la contemplation, l’autre semblant se perdre dans l’anonymat, la routine, la production. Le Spectacle du quotidien les réunit : regard sur le monde, négociation, âpreté, mais aussi générosité, espoir et transformation.

Cette Biennale est un antidote aux réflexes soporifiques qui voudraient qu’en période de « crise » on s’enferme dans l’oubli du monde. Hou Hanru assure le commissariat de cette Xe Biennale construite autour de l’idée simple, qu’il convient, dans notre société du spectacle, de réinventer le champ du quotidien, sa « poétique », son mode d’être (le nôtre) et son esthétique. Mais si la Biennale est avant tout une exposition internationale (un peu plus de 70 artistes et 35 productions/créations inédites), c’est aussi plus de 100 manifestations organisées dans le cadre de Résonance, ainsi qu’un programme inédit de création/sensibilisation/dialogue conçu par Veduta. A la manière d’un forum permanent dans la « chaleur » de Sarkis au Musée et sur un très large espace, des territoires en recompositions urbaines, accueillent des résidences d’artistes, des expositions, colloques, conférences, spectacles, et mobilisent les collaborations les plus diverses sur les marchés, dans les quartiers, théâtres, commissariat, stade nautique, plage, artothèques, offrant la possibilité de rencontrer l’art sous ses formes les plus diverses y compris celle, de l’approcher de très près en couple, en passant une nuit au MACLyon .

Bienvenue dans le monde du Spectacle du quotidien!