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Entrée libre

[AF-ROS'] DE ἈΦΡΌΣ (« ÉCUME »), À PRENDRE DANS UN SENS FERTILE.
Cette série est née dans l’énergie bouillante d'Exarchia (Athènes) avant de déployer sa matrice dans un ailleurs multiple qui porte en lui les traces, les fractures et les lignes de résistance d'une société en bout de course. Ici émergent les signes opaques d'un alphabet urbain primitif et éphémère. Là s'exhibent pudiquement des épidermes délicats et frissonnants, volupté fragile du vivant en lutte. C'est un corpus polysémique pris dans des courants profonds et contradictoires. S'y entrechoquent couleurs et matières, lignes et visages, signifiés et signifiants qui, remontés des profondeurs agitées de nos villes et de nos corps, affleurent à la surface comme l'écume de mer les jours de vent violent

À la fois photographie documentaire et étude sociologique, la série Aphrós dévoile les composants de la rue, qu’ils soient vivants ou inertes. Romain Bagnard donne à voir ce qu’il a pu observer lors de son passage dans la ville grecque d'Athènes ainsi que dans d'autres aires urbaines. La série est composée de portraits et d’éléments urbains, qui témoignent de la réalité crue des rues. Les portraits nous invitent à être en face-à-face avec le sujet photographié ; entre attraction et répulsion. Ils nous décontenancent. Allons-nous alors baisser la tête donc fuir le sujet ou le regarder droit dans les yeux ? Une réalité brute de ces portraits urbains se révèle, les yeux sont le reflet de l’âme. L’identité même du visage est omniprésente par un cadrage très serré. Les différentes distinctions physiques deviennent l’identité propre du cliché.
Certaines photographies peuvent même apparaître comme brutales, pas de filtre, aucun défaut n'est caché.
Le travail de Romain Bagnard est totalement transparent, aucune esthétisation ni embellissement n’apparaissent dans ses photographies. Mais qu'évoquent ces différents visages ? La révolte ? L'impuissance ? La réflexion ? L'introspection ? Par ses cadrages frontaux, Romain Bagnard impose le sujet, son sujet et le sens de lecture ; il n’y a pas d'échappatoire possible. Les clichés de la rue sans artifices nous confrontent à différentes textures et matières de l’environnement urbain. Une sorte d'all-over, comme en peinture.
Ces rencontres photographiques semblent furtives, mais paradoxalement, les visages ne paraissent ni surpris ni inquiets par la présence du photographe. Ces images permettent d'instaurer un réel dialogue entre ces visages et le lecteur. Nous imaginons le photographe dialoguer avec ces personnages... la conversation s'est-elle prolongée dans un bar ? La nuit est aussi présente, on ressent le bruit de la ville et l'agitation nocturne. La foule déambule... Tout est à envisager.
Ses coups de flash nous projettent au cœur des rues. Constat.
par Emma Gaydier

Vernissage : jeudi 15 septembre à partir de 18h en présence de l'artiste

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