Pureté du mouvement, sophistication, musicalité… Voilà les mots d’ordre de Yorgos Loukos, directeur du Ballet de l’Opéra de Lyon pour un programme qui trace une filiation entre Jiří Kylián et Emanuel Gat. Quelle sera la position de François Chaignaud et Cecilia Bengolea avec leur première création pour une compagnie classique ?

Le programme du Ballet de l’Opéra de Lyon a valeur de manifeste. Ce n’est pas la nostalgie d’une belle danse, mais la revendication d’écritures chorégraphiques sophistiquées. Et dans cet esprit, Jiří Kylián est le maître absolu, qui a accepté de remonter sa pièce de 1984, Heart’s Labyrinth. Celle-ci est née d’une interrogation personnelle douloureuse après un événement dramatique survenu dans la compagnie : comment vivre après le suicide d’un être cher ? La réponse, le chorégraphe la trouve dans les méandres du coeur, dans un labyrinthe d’émotions et sur le « terriblement beau » Nocturne en si majeur de Dvořák. Après 30 ans, l’extrême sensibilité de la chorégraphie de Kylián, ainsi que l’extraordinaire fluidité des mouvements restent intacts. Pour Emanuel Gat, le défi est tout autre, avec une création qui fait une fois de plus la preuve d’une écriture unique aujourd’hui, une vision de la danse qui ne se raccroche à aucune école, aucun mouvement. Il est un artiste rare dans le paysage de la danse française, dont le langage chorégraphique est à la fois sensible et abstrait. Alors quelle sera la marge de manoeuvre des jeunes François Chaignaud et Cecilia Bengolea pour leur première création destinée à des danseurs de ballet ? Comment leur univers ludique travaillé par l’idée de fraternité et de répertoire de toutes les danses va-t-il emporter l’esthétique codée classique ? Seule certitude : mettre tout le monde sur pointes, garçons et filles dans une danse extrême des extrémités. Ils ont tout simplement choisi de faire confiance à la danse. Pas de thème prédéterminé, mais la recherche de l’accord le plus juste possible avec la composition How Slow The Wind du Japonais Toru Takemitsu qui sera jouée en live, ainsi que toutes les musiques du programme, par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. L.G.

Credits

Jiří Kylián
Musique : Schoenberg, Webern, Dvořák

Emanuel Gat
Distribution en cours

François Chaignaud & Cecilia Bengolea
Musique : Toru Takemitsu

En coproduction avec l'Opéra de Lyon