Il y a tout un courant de la danse qui a travaillé le corps sur le mode d’une illusion d’optique ; historiquement on pense à Loïe Fuller, Alwin Nikolais, plus récemment : Philippe Decouflé… Chaque fois des expériences hypnotiques qui créent la confusion du réel. C’est dans cette histoire des corps hallucinés que s’inscrit le travail de la compagnie 14:20, passée maître dans l’art de la magie nouvelle. Les 14:20 proposent pour la Biennale de la danse une forme brève de 10-15 minutes en préfiguration de leur prochaine création.

D’office, oubliez tout ce que vous pensiez déjà savoir de la magie : ici, il n’est pas du tout question de jeux de cartes ou d’illusions grandiloquentes. Non, cette magie nouvelle ne ressemble à rien d’autre : c’est une course vers l’étrange et l’intime, le surréalisme et la beauté, capable de hérisser en un quart de seconde les poils des spectateurs. Clément Debailleul et Raphaël Navarro, à l’origine circassiens et jongleurs, créent un univers magique qui donne le pouvoir de questionner les certitudes, de nous redonner à percevoir le monde comme une chose infinie et illimitée… Et où le regard n’est jamais à l’abri d’une métamorphose inattendue. Dans leur précédente création, des corps volent, tombent en apesanteur, s’élancent au ralenti ou se démultiplient au point qu’il devient impossible de distinguer les vrais des hologrammes. Le génial duo convie pour cette nouvelle création Aragorn Boulanger, danseur hip-hop qui connaît tous les secrets des magiciens. Si ces performances ont tout de l’inexplicable, seul importe de savourer l’instant présent. Et de s’enchanter de ce monde fantastique, tout sauf irréel.