L’invitation des curateur·rices de FORUM

Hospitalités - Chaque invitation implique un acte d’hospitalité. Les origines latines de ce mot – hostis – recèlent une ambiguïté sémantique qui nous interpelle – hostis – peut signifier quelqu’un qui offre l’hospitalité ainsi que celui.celle qui la reçoit. Mais ce mot partage les mêmes racines avec ennemi et plus encore, dans ses origines indo-européennes, plus lointaines, avec étranger. C’est ici même que nous situons le cœur de l’invitation que nous, les curateur·rices et les artistes FORUM, vous proposons : et si on imaginait une forme d’hospitalité impulsée par cette double posture, celle d’accueillir tout en étant accueilli·e, qu’est-ce que cela impliquerait ? Quelles formes d’attentions ou de responsabilités seraient nécessaires pour savoir recevoir et offrir en même temps ? Quels autres systèmes d’imaginations pour accepter l’étrange/r ?

L’invitation d’Idio Chichava, Mozambique

M’POLO, rituels du corps vivant

M’POLO: Rituels du corps vivant invite à vivre une expérience collective où le corps devient un espace d’initiation, de partage et de re-imagination inspiré des rites de passage mozambicains. Cette proposition ouverte à tous·tes invite à partager chants, danses et récits, en donnant corps ainsi à une communauté énergétique créée par et avec les participant·es, un « être-avec » collectif, un espace de célébration et d’appartenance dans un monde de plus en plus désincarné.

L’invitation de Original Bomber Crew, Brésil

La peur, la danse et tout ce qu’il y a entre les deux

Bomber Crew n’est pas un collectif de danse, mais un véritable événement dans le paysage des arts de la scène au Brésil. Dans un pays situé entre désert et eaux sacrées, où la survie est souvent le seul horizon, ils trans- forment la réalité de la vie urbaine en une forme d’art. Des hommes qu’on prend pour des gamins. Des hommes qui perdent d’autres hommes, emportés par la violence ou l’addiction, des hommes qui avancent dans la peur, sachant qu’ils sont ceux - les noirs, ou presque noirs - dont les autres ont peur. Bomber est une bande de danseurs, musiciens, artistes visuels hors du commun. Ils n’ont rien à voir avec la carte postale brésilienne, ni le joli spectacle que les festivals apprécient tant. Bomber Crew cogne fort et puis se casse.

L’invitation de devynn emory, États-Unis

Terre/ain/s somatiques

En guise d’antidote face à la crise mondiale aiguë que traverse l’humanité, devynn emory - infirmier·ère et psychiatre diplômé·e, massothérapeute, voyant·e, pédagogue et chorégraphe - nous guidera vers une pra- tique somatique basée sur les 7 directions de la roue de médecine - issue de traditions autochtones nord-américaines - pour réaccorder nos chemins neuronaux. De ce travail sensoriel se dégagera une nouvelle cartographie intérieure capable de nous faire naviguer dans l’imprévisible et le chaotique.

L’invitation de Marrugeku, Australie

Danse, climat et terres contestées

Marrugeku propose d’aborder la justice climatique en terres disputées considérée comme conséquence d’histoires coloniales alimentant un futur frénétique. Les discussions et pratiques partagées dégagent des esthétiques urgentes imbues de réciprocités entre la danse, les terres et les changements climatiques où elle se produit. Les méthodologies de Marrugeku, issues de la rencontre de divers artistes aborigènes et non-aborigènes à l’œuvre dans des contextes coloniaux, s’adressent aux contextes européens et utilisent le témoignage chorégraphique pour imaginer une danse capable de rendre visible des avenirs alternatifs.

L’invitation de Fangas Nayaw, Taiwan

Punk! Futurisme indigène ou être ancêtres

Fangas Nayaw, artiste et chorégraphe issu du peuple Amis, explore le rôle de la tradition dans une projection futuriste où les gestes ancestraux rencontrent la contemporanéité de la danse. À travers cette proposition audacieuse, il questionne les récits d’effacement des cultures autochtones et interroge les modes de représentation de leur préservation. Dans divers contextes où les symboles culturels autochtones sont invoqués, notre indigénéité se retrouve dissimulée sous des couches de stéréotypes. Pourtant, cette couleur cachée et invisible n’est ni le noir ni le blanc du jour et de la nuit — c’est le vert : vif, porteur de vie, et enraciné dans la terre.